L’UNEF, un cadavre à la renverse

Des années durant, ils ont fait le tour des universités françaises afin d’y proclamer leurs « valeurs morales ». Des années durant, ils se sont égosillés dans les amphithéâtres pour y défendre « l’humanisme », la « tolérance » et « l’ouverture ». Des années durant, ils se sont dits « féministes », la main sur le coeur. Leur marketing officiel était « la défense des étudiants ». Et puis un jour, le voile est tombé sur ce qu’ils étaient vraiment : des prédateurs sexuels.

« Ils », ce sont quelques-uns des principaux dirigeants de l’Union Nationale des Etudiants de France (UNEF). Vous ne les connaissez peut-être pas, mais leurs noms sont synonymes d’histoires sordides et de souffrances intimes chez de nombreuses étudiantes. En novembre 2017, Le Monde publiait deux enquêtes et une tribune de 83 militantes qui en avaient fait les frais. Harcèlement, agressions sexuelles, menaces physiques et morales pour les pousser à avorter… Elles dénonçaient une UNEF exerçant un « véritable contrôle du corps des femmes ». Pour Raphaëlle Rémy-Leleu, membre de 2010 à 2014, « aucune [militante] n’a échappé à la violence sexiste de l’organisation ».

Les agressions sexuelles, « cela est arrivé, arrive et arrivera »

Le 19 février 2018, Libération allait plus loin en publiant, dans les témoignages de 16 autres militantes, les noms de dirigeants mis en cause. Premier sur la liste, Jean-Baptiste Prévost avait été président de l’UNEF entre 2007 et 2011. Quatre années de règne sur la loi du silence. Les témoignages affluaient contre lui de jeunes femmes impuissantes, harcelées et traitées comme des objets. « Les week-end régionaux de formation, c’était le supermarché » se rappelait Elodie Le Moigne, militante à Paris XIII. « Jean-Baptiste choisissait les filles » ajoutait Annaïs P., ancien membre du bureau national.

Pour comprendre l’apparente passivité des étudiantes devant de tels actes, il fallait se souvenir des fondements idéologiques de l’UNEF. Depuis les années 1970, le mouvement était contrôlé tantôt par des communistes, tantôt par des trotskystes « lambertistes ». Adeptes du secret absolu, ces derniers considéraient toute remise en cause de la hiérarchie comme un complot politique à leur insu. Une forme d’ « autocratie » maintenait donc les victimes sexuelles sous leur emprise, dans une peur panique d’être rejetées par le groupe. « Il y avait, dans l’ordre, Marx, Lénine, Engels et le nom du président de l’Unef » précisait Marion Oderda, elle aussi ancienne membre du bureau national.

Il ne s’agissait pas d’une fiction relatant les turpitudes au temps de l’URSS. C’était bien l’UNEF, image de marque de la gauche étudiante, au XXIe siècle. L’UNEF, qui continuait de placarder ses affiches politiquement correctes partout en France afin d’attirer des jeunes avides d’idéal et parfaitement inconscients du danger. Mais à mesure que Libération détaillait les actes sexuels subis par les militantes fraichement recrutées, les noms des agresseurs, eux, se raccourcissaient.

Grégoire T., c’était probablement Grégoire Truttman, membre de la direction de l’association dans les années 2000. Il était depuis lors devenu journaliste, dans l’optique de transmettre les faits réels à la population. De ses années à l’UNEF demeuraient pourtant des faits qu’ils n’auraient pas relayés de lui-même. Des êtres meurtris à jamais. Laurie, qui portait plainte contre lui pour viol mi-janvier 2018. Et Joséphine, qui s’apprétait à en faire de même un mois plus tard. Chacune d’elles osait enfin réagir, après de longues années à se sentir rongées de l’intérieur. Grégoire T., bien entendu, évoquait autant d’actes sexuels « consentis ».

Un certain « A. », ancien cadre de l’UNEF, reconnaissait désormais tous les actes dont il était accusé. Des années de violences sexuelles dénoncées en vain par les militantes à leur direction. À chaque demande de procédure en son encontre, « on nous a répondu que ça ne pouvait pas porter sur des violences sexuelles, on nous a baladées » se rappelait Lauranne Witt, parmi les dirigeants d’alors. Réuni en février 2014, le conseil national de l’UNEF lançait penaud : « cela est arrivé, arrive et arrivera que des femmes de l’organisation soient victimes de violences ou de harcèlement. »

Les conséquences dépassaient le cadre-même de l’association. Des classes d’enfants ont été laissées à la merci d’un individu, ce « A. », n’ayant désormais pour défense que l’évocation d’un « lourd passé familial ». A l’UNEF, la seule réponse à l’omerta avait été de s’organiser entre militantes « pour ne jamais le laisser seul dans le local avec les plus jeunes », selon Diane, l’une de ses victimes.

Incapable de faire face à la profondeur de ses maux, mais soucieuse de son image, l’association étudiante enchaînait les pirouettes et les diversions. « Ce soir, l’organisation fait ses adieux au sexisme. Bon Djebara ! » lançait un militant depuis la tribune du congrès de Toulouse en 2013. Le jeu de mots visait Azwaw Djebara, vice-président en partance et proche de l’ancien président Jean-Baptiste Prévost. Cela ne réglait absolument rien, mais la salle pouvait s’applaudir à tout rompre. L’UNEF, c’était « Koh Lanta tous les jours » résumait un ancien président. « Une culture de l’engagement total pour les futurs dirigeants de gauche. »

Le racialisme, reflet d’une dégénérescence

Une des constantes de l’être de gauche était de manipuler le langage afin de rendre « tolérables », au premier abord, les pires réalités. Ainsi grandissait à l’UNEF le concept de « non-mixité ». Des réunions appliquant une ségrégation physique entre les hommes et les femmes étaient promues par le nouveau président Lilâ Le Bas comme « outil pour enrayer ces violences et libérer la parole ». Les étudiants de gauche, selon eux, étaient tellement peu capables de maîtriser leurs pulsions sexuelles qu’il leur fallait suivre des « ateliers sur le consentement ».

Quant à la libération de la parole, elle avait bien lieu, mais pas forcément dans le sens souhaité. Le concept de « non-mixité » grandissait sans surprise et se fixait bientôt sur la couleur de peau des individus. En octobre 2017, Le Monde révélait que des réunions interdites aux blancs étaient organisées au sein-même du bureau national de l’UNEF. Avant cela, mi-2017, l’association avait soutenu « Mwasi », un collectif de femmes noires désirant organiser à Paris un festival interdit aux blancs. C’est-à-dire créer une situation officielle d’Apartheid.

Avec un tel crédo, il n’était pas étonnant de voir grimper dans la hiérarchie de l’UNEF des étudiants aux positions les plus extrémistes. Dans la continuité du « Koh Lanta » de l’abject, le 29 décembre 2017, la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) épinglait les tweets de la vice-présidente lilloise de l’UNEF, Hafsa Askar. Elle y déclarait notamment que l’ « on devrait gazer tous les blancs, cette sous-race ». Aucune réaction officielle de l’association, ni de la Justice.

Quelques mois plus tôt, c’était Elisabeth Abanda, une ancienne membre du bureau national et toujours attachée de presse de l’association, qui y allait de son tweet. Un dernier gadget à la mode, ironiquement dénommé écriture « inclusive », lui servait à exprimer son rejet des blancs. Quant à l’ « Invictus » en description de son profil, il rappelait si besoin était le modèle de société suivi : l’Afrique du Sud.

Au-delà de l’indignation suscitée par ces prises de position, il fallait surtout y voir la dégénérescence progressive de l’UNEF. Fondée en 1907, longtemps hégémonique dans les facultés, l’association ne représentait plus fin 2015 que 0,8% des étudiants français. En février 2017, elle était même dépassée par la Fédération des Associations Générales Etudiantes (FAGE) lors des élections universitaires.

Sortant de leur complaisance, les médias généralistes commençaient à s’intéresser au mode opératoire de l’association au sein des campus. Au mois de mai 2015, Le Canard Enchaîné affirmait que l’UNEF avait aidé l’islamiste Sid Ahmed Ghlam à trouver un logement étudiant, en compagnie de l’association des Etudiants musulmans de France (EMF). Sidi Ahmed Ghlam, franco-algérien, était mis en examen pour avoir préparé des attentats contre deux églises à Villejuif. Malgré le démenti de l’UNEF, Le Canard Enchaîné maintenait sa version, de « source ministérielle ».

La même année, au mois de février, France 2 diffusait un reportage d’ « Envoyé Spécial » sur le fonctionnement des mutuelles étudiantes au sein des universités et notamment celui de la LMDE, en grande difficulté financière. Les galères vécues au quotidien par les étudiants pour obtenir un remboursement ou leur carte vitale s’éclairaient d’un jour nouveau dans la révélation des liens étroits entre la LMDE et l’UNEF. Tandis que la mutuelle s’endettait lourdement, l’association de gauche ne cessait d’en récolter de l’argent par l’intermédiaire d’un « partenariat ». C’était selon eux « en tout point légal », mais le scandale n’en demeurait pas moindre.

Comme un signe du destin, l’image de l’UNEF périclitait en parallèle de celle du Parti Socialiste. C’est que, trop longtemps peut-être, elle en avait été la voie d’accès royale. Avant de devenir Premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis avait été président de l’UNEF-ID de 1980 à 1984. Avant d’essayer de faire croire qu’il n’avait jamais été un apparatchik socialiste, Jean-Luc Mélenchon avait été membre de l’UNEF, et ce dès son entrée à l’université de Besançon. Il en allait de même pour Daniel Cohn-Bendit, Jack Lang, Harlem Désir, Olivier Besancenot, Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Clémentine Autain, Benoît Hamon ou encore François Hollande.

Le même vocabulaire assimilé. Les mêmes réflexes corporatistes. Souvent, le même passage aisé de militant pseudo-rebelle à conseiller de bureau. Dans cette optique, les études devenaient très vite accessoires. Comme un simple prétexte. L’exemple de William Martinet, président de l’UNEF entre 2013 et 2016, était à ce titre frappant. Inscrit à l’université de Versailles en 2006, il y était toujours présent 10 ans plus tard, après avoir échoué cinq fois d’affilée à obtenir son Master 1. Un esprit supérieur en somme, à même de défendre parfaitement les intérêts de l’UNEF dans sa volonté de… mettre un terme à la sélection en Master 2.

Afin de réduire tous les étudiants à sa propre médiocrité, il suffisait d’avoir « une oreille attentive » dans les cercles de pouvoir, notamment au ministère de l’Education nationale. En 2012, de nombreux cadres de l’UNEF étaient ainsi devenus conseillers ministériels. D’autres, comme Bruno Julliard, étaient entrés à la mairie de Paris. Fort de ses réseaux, William Martinet se félicitait en 2016 du « rendez-vous de longue date avec Najat Vallaud-Belkacem et Thierry Mandon à propos de la sélection en master ».

La fin du quinquennat Hollande mettait à terre une partie du noyautage établi par l’association de gauche sur le pouvoir politique français. Ce n’était peut-être pas un hasard si des militantes se sentaient désormais assez libres pour raconter les agressions sexuelles de masse qu’elles avaient subies à l’UNEF depuis plus de 10 ans. Néanmoins, la partie était loin d’être terminée. « La question de l’organisation (au sens strict), de l’omerta, de l’autocensure est bien le nœud du problème » rappelait Rama Sall, ex-numéro 2 du Mouvement des jeunes socialistes (MJS).

C’était le fonctionnement-même d’une grande partie de la gauche qui était mis en question. Thierry Marchal-Beck, président du MJS, était lui aussi accusé de harcèlement sexuel en novembre 2017 par huit femmes. Chez les Jeunesses communistes, au moins cinq femmes témoignaient début janvier 2018 des agressions sexuelles qu’elles avaient subies. Mais aucune d’entre elles n’osait pour l’heure donner de nom. « C’est un mec violent. S’il se reconnaît, je sais qu’il va s’en prendre à moi » expliquait ainsi Aude, l’une des militantes victimes.

Face à tant de révélations, la pression commençait à monter sur les habituels caciques médiatiques et donneurs de leçons de morale. La « féministe » Caroline De Haas, secrétaire général de l’UNEF de 2006 à 2009, tentait de plaider son « ignorance » de ce qu’il s’était produit au sein de son mouvement durant cette période. Mais elle finissait par fuir les réseaux sociaux tant plus personne ne semblait l’y croire.

Jean-Baptiste Prévost, lui, avait été désigné par de nombreuses militantes comme le véritable instigateur du « système de prédation » à l’UNEF. Mais il continuait de mener grand train de son « ENA buissonière ». Après avoir été placé dans différents cabinets ministériels, dont celui de Najat Vallaud-Belkacem, Prévost était désormais sereinement installé et rémunéré par l’Etat à l’ambassade de France à Malte. Sous la présidence et la responsabilité d’un certain Emmanuel Macron. Car « en même temps », rien n’avait vraiment changé.

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