Gilets Jaunes : le mépris du gouvernement Macron
19 novembre
Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, rend responsables les barrages de Gilets Jaunes de la mort d’une personne âgée à Angoulême. « La personne est morte cet après-midi. C’est aussi ça la réalité ». Problème : c’est faux. Le quotidien local La Charente Libre explique que la dame est décédée dès le matin après une crise cardiaque. Le vice-procureur d’Angoulême précise qu’une enquête a été ouverte « sans aucun lien avec les Gilets Jaunes ».
Toute honte bue, Castaner ajoute que les Gilets Jaunes augmentent le risque… d’attentats terroristes. « La mobilisation massive de nos forces de sécurité a aussi un effet sur notre capacité à intervenir sur d’autres sites du territoire ».
20 novembre
Dès le lendemain, le ministre de l’Intérieur en remet une couche et dénonce la « dérive totale » des Gilets Jaunes. « On voit qu’on a une radicalisation, avec des revendications qui ne sont plus cohérentes, qui vont dans tous les sens ».
Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, écarte tout « geste » de la part du gouvernement pour les Gilets Jaunes et dénonce lui aussi « un certain nombre de dérives », avec des actes « homophobes, racistes ».
22 novembre
Le signal est donné. Les députés de Macron se lâchent sur les Gilets Jaunes.
« On n’est pas sur la même longueur d’onde, ils [les Gilets Jaunes] ont des sentiments, nous des arguments, ça ne colle pas » estime Valéria Faure-Muntian, député de la Loire.
« C’est très difficile d’avoir un dialogue constructif, les gens ne sont pas rationnels » ajoute Damien Adam, élu de Seine-Maritime, pour qui « une grande partie des Gilets Jaunes ne se serait pas mobilisée si elle avait eu accès à des infos vérifiées ».
« Demain, on ne va pas non plus offrir des voitures, il faut responsabiliser les gens » selon Anne-Laure Cattelot, député du Nord.
De son côté, Florian Bachelier, premier questeur de l’Assemblée nationale et député LREM d’Ille-et-Vilaine, n’hésite pas à comparer les Gilets Jaunes aux nazis : « sous beaucoup de Gilets Jaunes, les chemises brunes sont de plus en plus visibles ».
Et quand Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, tente de faire croire qu’il comprend les Gilets Jaunes, cela donne : « nous devons tous intégrer et pas seulement expliquer, mais entendre et comprendre, ce que c’est de vivre avec 950 euros par mois quand les additions dans les restaurants parisiens tournent autour de 200 euros ».
24 novembre
Changement de stratégie pour Castaner qui dénonce désormais « une mobilisation de l’ultra-droite » parmi les Gilets Jaunes. « Des séditieux » qui auraient « répondu à l’appel de Marine Le Pen ».
Le ministre de l’Intérieur de Macron compte 106 301 manifestants Gilets Jaunes ce jour-là. Un nombre ridiculement précis et faible, alors que les Gilets Jaunes se sont mobilisés massivement dans toute la France. Le syndicat France Police – Policiers en colère annonce de son côté plus de 1500 points de blocage et 750 000 manifestants Gilets Jaunes à 15h.
25 novembre
Après s’être ridiculisé en tentant de se mettre les Gilets Jaunes dans la poche, Gérald Darmanin affirme à présent que « sur les Champs-Elysées, c’est la peste brune qui a manifesté ».
Plus grave encore, Naïma Moutchou, député LREM et rapporteur de la “loi contre les Fake News”, accuse dans un tweet un Gilet Jaune de faire un salut nazi. Un mensonge et une manipulation alors que l’individu faisait un salut romain en disant « Avé Macron ».
27 novembre
Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, affirme que le gouvernement ne souhaite pas s’entretenir avec les représentants des Gilets Jaunes « en l’état actuel ».
Première réponse totalement déconnectée d’Emmanuel Macron aux Gilets Jaunes mobilisés contre l’augmentation des prix et notamment celui de l’essence : « Nous souhaitons construire de nouvelles formes de déplacements, comme le covoiturage et les transports en commun ».
28 novembre
Le Premier ministre, Edouard Philippe, suit les pas du président : « il n’y aura pas de coup de pouce supplémentaire » pour le SMIC en 2019.
29 novembre
En plein débat sur la “transition écologique”, Christophe Castaner n’hésite pas à utiliser un hélicoptère pour se rendre au péage de Virsac, en Gironde, haut-lieu de la contestation des Gilets Jaunes.
30 novembre
Une fois de retour à l’abri, Castaner en remet une couche contre les Gilets Jaunes : « Aujourd’hui, on n’est pas sur un phénomène de masse ».
1er décembre
Tandis que de violents affrontements en marge de la mobilisation des Gilets Jaunes ont eu lieu partout en France et que Paris ressemble à une ville assiégée, Edouard Philippe y fête dans la soirée son anniversaire avec une trentaine d’invités, dont plusieurs membres du gouvernement.
Nouvelle manipulation du nombre de manifestants par Macron et son ministre de l’Intérieur Castaner. Seulement 75 000 Gilets Jaunes sont annoncés sur tout le territoire. Il faut attendre le lendemain, une fois les médias passés à autre chose, pour que le ministère annonce un chiffre de 136 000 manifestants, encore loin de la réalité.
3 décembre
Laurent Nuñez, secrétaire d’Etat au ministère de l’Intérieur, refuse d’admettre malgré les images et les témoignages que des jeunes de banlieues « ont procédé aux pillages et aux exactions contre les forces de l’ordre ». « Faire la connexion avec ces groupes à risque qui peuvent venir de quartiers sensibles, c’est stigmatiser ces quartiers. »
Ce même Laurent Nuñez n’hésitait pourtant pas le 20 novembre à rendre les Gilets Jaunes responsables de la mort d’un motard, « tué en raison d’un point de blocage », par un « camion qui essayait de se détourner ». “Stigmatiser” tout un mouvement en se servant d’un accident de la route ne lui posait alors aucun souci…
Le 3 décembre, un Gilet Jaune fait face à Elise Fajgeles, député LREM de Paris. Quand il lui demande le montant du Smic, celle-ci répond : « Alors je vais vous dire, vous me faites une colle en effet, je ne connais pas le niveau du Smic »…
5 décembre
La théorie du complot gagne les soutiens de Macron.
Des députés LREM tels que Coralie Dubost, Emilie Chalas et Aurore Bergé relaient une Fake News sur les réseaux sociaux selon laquelle le nom de domaine giletsjaunes.com aurait été réservé aux Etats-Unis, au lendemain de l’élection de Macron, par des proches de Steve Bannon… Rapidement effacés, leurs messages révèlent une fois de plus le mépris à l’égard des Gilets Jaunes, forcément “manipulés” de l’étranger.
7 décembre
Le ministre de la Justice de Macron, Nicole Belloubet, annonce avoir procédé à des « interpellations préventives » de Gilets Jaunes avant l’acte IV du mouvement.
8 décembre
Le jour de la manifestation, 320 personnes sont déjà arrêtées à 9h30 du matin. Des interpellations préventives qui rappellent tristement les propos du ministre de la Justice de la veille. Ils seront 1385 interpellés à la fin de la journée, dont 920 à Paris.
Plus de 89 000 forces de l’ordre sont déployées pour l’Acte IV des Gilets Jaunes. Mais à la veille de la manifestation, Christophe Castaner ose affirmer qu’il ne reste que… 10 000 Gilets Jaunes en France. Le gouvernement Macron mobiliserait donc 9 policiers pour 1 manifestant…
Après la manifestation, Castaner annonce finalement 125 000 Gilets Jaunes dont 10 000 à Paris. 10 000, c’est aussi le nombre de policiers mobilisés dans la capitale. Il y aurait donc eu à Paris 1 policier pour 1 manifestant… La manipulation des chiffres contre les Gilets Jaunes est sans fin.
9 décembre
Une fois la mobilisation passée, Belloubet nie : « Il n’y a pas eu d’interpellation préventive ».
Le ministre du Travail, Muriel Pénicaud, exclut une hausse du Smic : « Le coup de pouce au Smic, on sait que ça détruit des emplois donc ça n’est pas la bonne méthode ».
10 décembre
Dès le lendemain, dans son intervention télévisée, Emmanuel Macron la contredit en promettant une augmentation du Smic…
11 décembre
Pourtant, selon Richard Ferrand, président LREM de l’Assemblée nationale : « Il y a ni virage, ni changement, mais une accélération ». « Ce n’est pas le Smic qui augmente, c’est la prime d’activité »… Le flou continue.
Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, essaie de dénoncer devant les médias un Gilet Jaune au profil Facebook « clairement raciste » et proche de « Marine Le Pen ». Problème : il s’agit d’un homonyme…
13 décembre
Alors que Macron a promis devant les Français un débat national sur « l’immigration », le Premier ministre Edouard Philippe supprime le sujet trois jours plus tard devant l’Assemblée. Il exauce ainsi les voeux de SOS Racisme et de la CFDT.
17 décembre
Autre promesse de Macron : le gel de la hausse de la CSG pour les retraités touchant moins de 2 000 euros par mois, et ce dès le début de l’année 2019. Mais désormais, le ministre du Travail Muriel Pénicaud précise qu’il n’aura pas lieu avant « juillet prochain »…
18 décembre
Dernier signe d’un gouvernement aux abois : les mesures annoncées le 14 novembre par Edouard Philippe pour “répondre aux Gilets Jaunes” sont annulées puis rétablies en quelques heures… L’amateurisme en marche.
Manipulations, cafouillages et trahisons contre les Gilets Jaunes révèlent un gouvernement Macron toujours plus déconnecté du peuple français. Un mépris résumé malgré lui par Gilles Le Gendre, chef de file des députés LREM : « Notre erreur est d’avoir probablement été trop intelligents, trop subtils… »
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