Face au djihadisme, des années d’aveuglement

 

Tout était là. Avant Charlie Hebdo. Avant le Bataclan. Avant la décapitation du père Hamel par deux djihadistes dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray. C’était le 22 septembre 2014. L’Etat Islamique, par l’intermédiaire de son porte-parole Abou Mohammed al-Adnani, lançait un appel aux musulmans à tuer des citoyens occidentaux.

« Si vous pouvez tuer un incroyant américain ou européen – en particulier les méchants et sales Français […] alors comptez sur Allah et tuez-le de n’importe quelle manière »

Le message, diffusé en plusieurs langues sur Twitter, détaillait les modes opératoires disponibles contre « l’infidèle ».

« Si vous ne pouvez pas trouver d’engin explosif ou de munition […] frappez sa tête avec une pierre, égorgez-le avec un couteau, écrasez-le avec votre voiture, étranglez-le ou empoisonnez-le »

« Egorgez-le avec un couteau ». Le 20 décembre 2014, à Joué-lès-Tours, un musulman burundais hurlait « Allah Akbar » et tentait d’égorger des policiers français dans leur commissariat. « Ecrasez-le avec votre voiture ». Le 21 décembre, à Dijon, un musulman maghrébin en djellaba hurlait « Allah Akbar » et fauchait 13 passants avec sa voiture. « Si vous ne pouvez pas trouver d’engin explosif ou de munition ». Le 22 décembre, au Mans, un musulman hurlait « Allah Akbar » et tentait de s’emparer de l’arme d’un policier, après avoir dégradé des décorations de Noël.

L’appel de l’EI était appliqué à la lettre. Mais à l’époque déjà, il s’agissait de mettre en avant « l’état mental » des profils psychologiques, leur « isolement » et leur « ignorance du vrai islam ». Le tout dans la case « faits divers ». Ceux qui reconnaissaient le danger, comme la chercheuse Myriam Benraad dès le lendemain de l’appel, ajoutaient immédiatement leur peur de voir s’« accentuer le climat islamophobe en France ».

Trois ans et demi plus tard, notre pays avait connu 246 morts et un millier de blessés d’actes islamistes. Et les mêmes explications demeuraient. Tout semblait être fait comme si les attentats n’étaient jamais que le fruit du hasard. Comme s’il n’y avait d’autres choix que de « vivre avec le terrorisme » selon les mots de l’ancien Premier ministre Manuel Valls. Cet engourdissement d’une nation devant la mort de ses membres posait la question du traitement médiatique des événements.

La propagande médiatique à chaque attentat

« Réfugié : le fantasme de l’infiltration terroriste ». C’est sous ce titre volontairement provocateur que France Inter niait, le 14 septembre 2015, le possible lien entre immigration et menace terroriste. Il était en cela suivi par la plupart des autres médias. « Des terroristes parmi les migrants ? Ce fantasme semble faire des ravages en Hongrie, notamment à la télévision » affirmait un reportage de « Complément d’enquête » sur France 2 le 15 octobre. Le journal Libération avait lui choisi son camp depuis l’été.

Les attentats du 13 novembre 2015 à Paris auraient pu déciller les yeux de tout ce petit monde. Plusieurs terroristes avaient traversé l’Europe par le flux de « migrants ». Un faux passeport syrien était même retrouvé près de l’un d’eux. Comme redouté. Comme annoncé. Mais il n’en était rien. Toute honte bue, France Inter changeait le titre de son article au lendemain de l’attentat. « Des terroristes parmi les migrants ?». Un questionnement a posteriori pour tenter de faire oublier l’engagement idéologique, alors que les mêmes médias étaient subventionnés d’argent public.

Ce fonctionnement fut à l’oeuvre lors de chaque attentat. A Nice, le 14 juillet 2016, un islamiste tuait 86 personnes et en blessait 458 autres à l’aide d’un camion-bélier. Après le déroulé d’images chocs, les analystes rivalisaient de fausse ingénuité. « J’ai l’impression qu’on a plutôt affaire à un déséquilibré […] Je ne vois pas Daech là-dedans » lançait penaud Alain Marschall sur BFMTV. Comme si rien ne devait jamais servir de leçon.

Une fois l’attentat revendiqué par l’Etat Islamique, l’étape suivante était d’effacer de l’esprit du public tout lien possible avec l’islam. Les témoins précieusement sélectionnés défilaient pour évoquer leur peur des « amalgames ». « Fatima », une mère marocaine de 7 enfants devenait à la une des journaux « la première victime du tueur ». Libération publiait une tribune selon laquelle « l’islam n’est qu’un prétexte », rendant donc « inutile de se focaliser sur la question religieuse ».

La troisième étape revenait logiquement à trouver le « vrai coupable », celui en tête depuis le début et qu’il fallait caser d’une façon ou d’une autre. L’extrême droite. L’Humanité dénonçait « la récupération politique de l’attentat de Nice par l’extrême droite ». Le Parisien évoquait « cette parole raciste qui se libère ». Dans Libération, le politologue Jean-Yves Camus affirmait craindre ces groupes de « skinhead néonazis » et leur « dangerosité, notamment en matière d’atteinte aux biens et aux personnes ».

Un attentat islamiste transformé en victimisation des musulmans. Ceux qui l’avaient prévu transformés en dangereux profiteurs de la situation. Ceux que les faits devraient décrédibiliser transformés en idéalistes innocents à écouter, si possible autour de bougies et de chansons. Tandis que les morts s’accumulaient, un même récit de rééducation tournait à plein régime.

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« Qu’est-ce que le terrorisme ? », par Francetv Éducation, 2016.

Lorsqu’un média faisait semblant de se remettre en question après les faits, l’échappatoire était déjà à portée de mots. « Ce n’est pas notre journaliste qui a mal fait son boulot. Elle s’est appuyée sur le ministère de l’Intérieur » affirmait Jean-Marc Four, directeur de la rédaction de France Inter, pour se défendre du « fantasme de l’infiltration terroriste ». L’impuissance politique était en effet l’autre facette d’un même jeu de dupes.

Un pouvoir politique rongé par l’impuissance

L’alliance idéologique entre de nombreux médias et les politiques au pouvoir s’était longtemps retrouvée dans le terme de « loup solitaire » pour désigner les auteurs des attentats. Pratique, cette expression permettait à la fois d’occulter la force de l’implantation islamiste en France et de dédouaner les services de sécurité pour leurs échecs à prévenir les événements. « L’entreprise terroriste individuelle » était même inscrite dans le code pénal en 2014, comme pour donner du sérieux à la pensée magique.

Pourtant, depuis Mohammed Merah, aucun djihadiste n’a agi sans commanditaire, complice ou formation sur le terrain. Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, l’auteur de l’attentat de Nice présenté comme un « auto-radicalisé », avait neuf complices et une seconde attaque était prévue pour le 15 août 2016. « Après avoir beaucoup entendu parler de loups solitaires, on va maintenant entendre parler de meutes de loups » ironisait sur Twitter l’universitaire Marc Hecker, spécialiste de la lutte antiterroriste, après les attentats du 13 novembre. En vérité, si le « loup solitaire » devait jamais exister, il ne représenterait qu’une infime minorité des cas.

Un autre mirage fut celui de la « déradicalisation » des jeunes islamisés. Une semaine après le Bataclan, Manuel Valls annonçait la création d’un centre où les premiers admis devraient être « mis à l’épreuve afin de mesurer leur volonté de réinsertion dans la durée ». Ouvert à Pontourny en Indre-et-Loire en septembre 2016, il fermait ses portes dix mois plus tard, vide de son échec. Entre temps, l’un de ses rares pensionnaires, Mustafa S., avait été interpellé dans le Bas-Rhin pendant une permission où l’on découvrait qu’il était membre de la filière djihadiste de Strasbourg. Coût total du centre de « déradicalisation » : 2,5 millions d’euros.

De leur côté, 20 % des 1700 djihadistes partis en Irak et en Syrie continuaient de toucher des allocations sociales en 2017, selon les chiffres de la Brigade criminelle. Soit près de 500 000 euros transmis de France à des combattants de l’Etat Islamique depuis 2012. « Munis de leurs cartes avec photos, des parents percevaient les fonds venant de Pôle emploi ou de la caisse d’allocation familiale, avant de les envoyer par mandat en direction des zones de combats via la Turquie notamment » détaillait au Figaro le chef du groupe financier de la Brigade criminelle. Le djihad financé par nos impôts.

Devant une telle incurie de l’Etat, il n’était pas étonnant de voir la taqiya, la dissimulation islamique, se développer sur notre territoire. Fin 2017, une étudiante de la Sorbonne était arrêtée dans l’Essonne, suspectée d’avoir planifié un attentat islamiste. A cette fin, elle buvait de l’alcool et menait une vie sociale « normale », soit autant de signes d’une « intégration réussie » selon les habituels clichés médiatiques. En réalité, il ne lui manquait plus qu’un fusil d’assaut kalachnikov pour passer à l’acte.

A la même époque, des familles de djihadistes écrivaient à Emmanuel Macron pour lui demander de rapatrier en France les femmes « qui sont parties pour de mauvaises raisons » selon Martin Pradel, un de leurs avocats. « Doit-on ignorer le fait qu’il y a, parmi eux, de vrais repentis, et beaucoup de gens dupés par Daech ? » ajoutait laconique William Bourdon, un autre avocat habitué des plateaux de télévision et ancien membre de l’équipe de campagne de François Hollande. La ministre de la justice, Nicole Belloubet, se pressait de leur répondre que « tous les enfants seront pris en charge ».

L’Etat Islamique mis en déroute, certains de ses membres se rendaient compte de ce qu’ils risquaient sur place et plaidaient « l’erreur de jugement » pour revenir en France. Des avocats et des associations rivalisaient de sentimentalisme pour faire oublier que nous étions en guerre. Il ne fallait pas « séparer des familles » qui étaient parties se battre contre la France et tuer nos soldats. Le procureur de Paris François Molins, à la tête du parquet antiterroriste, avait pourtant prévenu.

« Lorsqu’ils reviennent en France, les adultes sont soumis à la justice française, sont incarcérés, seront jugés » tentait de marteler Emmanuel Macron, dans une nouvelle posture d’équilibriste. Cependant, selon les chiffres mêmes du gouvernement, en octobre 2017, tous les djihadistes revenus en France n’avaient pas été mis en prison. Sur les 178 hommes revenus, seuls 120 avaient été écroués, et sur les 66 femmes, à peine 14. Sans compter les centaines d’autres qui allaient bientôt tenter le chemin du retour.

Devant l’inquiétude soulevée par ces chiffres, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb assurait que les accords passés entre la Turquie et la France pour maîtriser les flux migratoires rendaient le « problème […] parfaitement pris en charge ». Il fallait nous en remettre à la protection d’une « frontière » européenne, celle-là même à travers laquelle des millions de « migrants » et les terroristes du Bataclan s’étaient faufilés sans difficulté…

Pendant ce temps-là, à Raqqa, dans la capitale en ruines de l’Etat Islamique, un reportage de la BBC révélait que des djihadistes avaient négocié leur départ de la ville, emportant avec eux familles, armes et munitions. Plus de 4 000 personnes exfiltrées dans des bus affrétés par les Forces démocratiques syriennes, une alliance arabo-kurde soutenue par la Coalition internationale. Cette dernière, dont la France était l’un des principaux membres, ne pouvait ignorer un tel accord. Pire, elle aurait même mobilisé des avions afin de guider le convoi hors de la région. Un scandale immense, s’il était avéré, auquel s’ajoutait une menace bien plus précise.

Après avoir retrouvé la trace des chauffeurs de bus, les journalistes britanniques étaient entrés en contact avec l’un des « djihadistes français » exfiltrés. Selon ce dernier, « il y a des frères français qui sont partis pour la France pour perpétrer des attaques qui se dérouleront au moment du jour du jugement ». La même promesse de mort qu’en 2014 s’abattait sur notre pays. Tout était là. A nouveau.

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